Depuis plus d’un demi-siècle, et surtout ces dernières années avec la technologie numérique, le monde de l’imprimerie et des industries graphiques s’est transformé. Smart Factory, Big Data, Transformation numérique, Internet of Things, relation consommateur/producteur, circularité de l’information, collaboration et intégration dans la chaîne d’approvisionnement transforment structurellement l’industrie, la manière de produire, ainsi que les chaînes de valeur.

C’est une nouvelle étape dans l’évolution du monde des entreprises de transformation graphique et papetière qui ont connu des décennies de profondes mutations marquées avant tout par le numérique. Ce dernier a engendré de nouveaux processus de production et de nouveaux métiers, des machines numériques aux logiciels de gestion et aux innovations telles que l’impression à la demande et l’auto-édition. Des transformations que nous pourrions définir comme l’évolution logique d’un parcours qui a commencé quelques décennies en arrière. Le passage du plomb à la photocomposition, de la typographie à l’offset, du film photographique à la photo numérique, de la préparation des plaques ou semi-automatique au CtP super-automatisé sont autant d’exemples de mutations. Mais dans ce résumé des transformations technologiques, il faut aussi mentionner la diversification des sites de production avec les centres de transmission et d’impression décentralisés – renforcés par le smart working et la pandémie – nous permettant de travailler depuis presque partout.

D’une part, l’automatisation des machines d’impression – jusqu’aux lignes robotisées – a entraîné une réduction du personnel et une modification de la figure des opérateurs. D’autre part, l’électronique appliquée aux systèmes a permis d’utiliser des contrôles automatisés pour surveiller tout ce qui se passe : de la vérification d’éventuels défauts du papier au contrôle de la qualité des couleurs, du centrage de l’impression au pliage. Les outils sont de plus en plus performants et capables d’augmenter les marges de rentabilité dans un secteur où l’on se bat très souvent pour des centimes. En effet, en plus d’une réduction de la demande, l’ensemble des coûts d’impression ont augmenté, des matières premières comme papier (+6%), encres (+12%) et solvants (+3%) au transport (+2%), en passant par l’énergie (+2%) entre 2018 et 2019.

Cette quatrième révolution industrielle est accompagnée ces dernières années par l’augmentation de la culture de la durabilité avec des processus de production moins polluants et des matières premières, du papier aux encres, de plus en plus vertes. Cette révolution a déjà transformé radicalement des secteurs d’activité entiers comme la finance, les médias et l’imagerie et touche désormais le secteur manufacturier. Le secteur de l’impression en France reste un des plus importants d’Europe avec 13 % des produits imprimés européens qui sont produits en France, pour un montant total de 6,7 milliards d’euros. Plus d’un quart de la production française est allouée aux supports publicitaires. 

Dans le cadre du plan industrie 4.0 la France, l’Allemagne et l’Italie ont initié une coopération trilatérale pour sensibiliser les PME à la transition de systèmes de gestion manuels et semi-automatiques vers une automatisation et une numérisation plus importantes, voire complètes, du flux de travail.

Le smart printing manufacturing

Que signifie la transition vers l’industrie 4.0 et le smart printing manufacturing ? Nous pouvons la décrire comme l’adoption de machines automatisées et de technologies numériques capables d’accroître l’interconnexion et la coopération des ressources (actifs physiques, personnes et données) utilisées dans les processus opérationnels.

 Il est ensuite possible d’avoir une évaluation précise des coûts en analysant les points suivants :

  • La fonctionnalité et les performances des machines
  • Le contrôle de la consommation d’énergie
  • L’avancement des travaux et de la production 

Toutefois, la collaboration entre les technologies de l’information et les technologies opérationnelles, le rôle des fournisseurs de technologies et de systèmes d’information, et le développement des compétences de l’entreprise sont essentiels à la mise en œuvre de ce processus.

La transformation numérique repose sur des technologies habilitantes parmi lesquelles nous pouvons citer : 

  • Les robots interconnectés 
  • Les imprimantes 3D connectées à des logiciels de développement numérique
  • La réalité augmentée pour soutenir les processus de production
  • La simulation entre machines interconnectées pour optimiser les processus
  • L’intégration des informations du fournisseur au consommateur 
  • La communication multidirectionnelle entre les processus de production
  • Les produits, la gestion de grandes quantités de données sur des systèmes ouverts
  • La cybersécurité
  • L’analyse du Big Data

Mais dans quelle mesure le secteur de l’imprimerie, qui est encore composé de nombreuses petites entreprises, est-il prêt à mettre en œuvre la quatrième révolution industrielle ? Les incitations fiscales ont constitué un stimulus positif et les entreprises ont recommencé à investir après une longue période de quasi-immobilité.

Comme mentionné ci-dessus, le changement auquel les entreprises sont appelées à se soumettre tourne autour de la numérisation et de la connectivité, les principaux thèmes de ce que l’on appelle la quatrième révolution industrielle. La numérisation est un facteur clé de la croissance des entreprises et constitue une part importante des programmes européens de développement durable (Next Generation EU).
Néanmoins, pour l’adopter et en retirer les bénéfices – en termes d’augmentation de la flexibilité, de la vitesse, de la productivité, de la qualité et de la compétitivité du produit – il ne suffit pas d’acheter des machines et des technologies de l’information. La gestion intelligente de l’impression implique tout d’abord l’entrepreneur et toute la structure de l’entreprise. En effet, elle concerne les compétences numériques présentes dans l’entreprise et éventuellement à acheter à l’extérieur, à repenser le modèle d’entreprise, à offrir de nouveaux produits et de nouveaux services et à ne pas oublier que la nouvelle « arme » des entreprises est la donnée.